Éléments pour un cours d’introduction générale au thème de l’année 2023-2024 :Faire croire (Première partie)

Opter pour le thème « faire croire » comme objet de réflexion et d’écriture découle d’une volonté de déceler ce rapport combien important de l’homme à la question de la croyance. Laquelle occupe une place de choix dans la vie des humains et ce depuis les communautés primitives. Pour ces dernières, les croyances avaient une dimension existentielle en ce sens qu’elles étaient étroitement liées à leur existence. Pratiquement, les primitifs n’agissaient que conformément à une croyance. Tous leurs faits et gestes leur étaient dictés par leur croyance à un mythe. Le mythe, comme histoire sacrée selon l’historien des religions Eliade Mircea, va être supplanté par la croyance religieuse qui dont l’obscurantisme sera le point culminant. Surgira alors par la suite la science comme objet de croyance et ipso facto l’ère de la raison et du rationalisme sonnera le glas des croyances superstitieuses. Cet aperçu historique n’est pas sans montrer que l’élément invariable dans cette évolution n’est autre que la croyance. Sommes-nous, à partir du précité, en droit de souligner, avec la sociologue française Anne Muxel, que la croyance est une nécessité quand elle déclare que: « Toute société a besoin de croyance pour se représenter comme pour fonctionner. Se passer de croire est une éventualité peu réaliste, voire impossible. Dans l’ordinaire de la vie humaine comme dans l’ordre extraordinaire du politique, le domaine de la croyance rassemble des activités concrètes, mais aussi tout un ensemble d’imaginaires et d’idéologies. » (Croire et faire, usages politiques de la croyance, sous la direction d’Anne Muxel, éd. Presses des sciences Po, 2017, 06) À supposer que la croyance est nécessaire à l’homme, et étant donné qu’elle n’est pas, loin s’en faut, innée et relève ainsi du domaine de l’acquis, il faut dire que toute croyance est marquée par la transitivité, elle fait l’objet d’une transmission dans la mesure où il y a un agent et un patient de la croyance. Disons, somme toute que la croyance résulte d’un faire croire. Traiter du thème de cette année à savoir « faire croire » revient avant tout à analyser son intitulé. Lequel se présente sous forme d’une expression composée de deux verbes à l’infinitif : « faire » et « croire ». Pour ce qui est du verbe croire, il signifie adhérer, exprimer son accord vis-à-vis d’une thèse, de quelque chose que l’on tient pour vrai. Ce « tenu pour vrai », c’est-à-dire ce qui fait l’objet d’une croyance peut être le résultat d’un processus de validation consistant à vérifier le bien-fondé d’une thèse qui passe ainsi du statut d’hypothèse à celui de vérité établie. L’objet de croyance est alors soumis à un travail d’analyse et d’examen. Cela exige de la part du sujet de croyance d’être doté de moyens lui permettant d’étudier l’objet de croyance tel que le savoir (il s’agit de s’informer, faire des recherches et des expériences sur l’objet de croyance, se documenter…) C’est dire que croire a partie liée avec le savoir et partant l’on peut se permettre d’avancer que croire c’est savoir. En un mot, le savoir est la condition sine qua non pour croire. Dans ce cas, l’on peut parler d’une croyance en connaissance de cause, une croyance fondée… D’autre part, ce qui est tenu pour vrai peut faire l’objet d’une croyance aveugle. Il s’agit ici de la situation où le sujet de croyance exprime son assentiment vis-à-vis d’un objet de croyance sans peser le pour et le contre, sans étudier ce dernier et ce faute de moyens ou par excès de confiance. L’on peut dire, dans ce cas, que pour ce croyant, la croyance est un effet sans cause en ce sens qu’il est entraîné dans ladite croyance. S’agissant du verbe « faire », il vient du latin facere qui signifie créer, produire, fabriquer tant pour les œuvres matérielles, les choses concrètes que pour celles de l’esprit. Il signifie ,dans l’expression « faire croire », agir, entreprendre une action. Compte tenu du susmentionné, l’on peut avancer que « faire croire » serait dans le sens d’agir sur (le corps: violence, autorité ou l’esprit: manipulation, mensonge….) une ou plusieurs personnes en vue de les amener à adhérer à une thèse, à une politique, à une religion, etc. L’acte de « Faire croire » s’inscrit, conséquemment, dans une relation triangulaire et ce dans la juste mesure où il met directement en rapport un sujet et un objet de croyance en faisant intervenir un troisième élément qui s’interpose entre ceux-là et rend possible la croyance. Cela étant posé, plusieurs questions se posent et orientent notre réflexion sur le thème qui est le nôtre ici: -Qui peut faire croire? - Qui croit ? - Comment procède-t-on pour faire croire? - Pourquoi croit-on? Et pour quelles finalités? - Quelles raisons animent-elles l’agent du faire croire? - Que cherche-t-il derrière l’acte de faire croire? - Faire croire est-elle une bonne ou mauvaise action? Eu égard à son intention est-il toujours mal vu ou bien vu? - Peut-on parler d’un art de faire croire? A. Qui peut faire croire? Généralement l’agent du faire croire est souvent présenté comme une personne de mauvaise foi, c’est un flatteur, un fin manipulateur, un séducteur, c’est quelqu’un de machiavélique, une sorte de gourou, c’est un comédien, véritable acteur, c’est aussi un hypocrite éhonté….

Éléments pour un cours d’introduction générale au thème de l’année 2023-2024 :Faire croire (Première partie)

Radouane EL AMRAOUI

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Synthèse de lecture comparative (7) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le comédien comme figure du faire croire.

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Lecture comparative des œuvres au programme de l’année 2023-2024 autour de l’axe : Le menteur comme figure du faire croire

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Aperçu sur l’axe: le comédien comme figure du faire croire dans “Lorenzaccio” d’Alfred de Musset.

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