Texte à résumer dans l’esprit de CNC, CCINP, E3A (04) thème : « Expériences de la nature »

Consigne :
Vous résumerez le texte ci-dessous en 100 mots avec une marge de 10% en plus ou en moins, vous mettrez une barre après chaque vingtaine de mots.
Texte :
« Nos facultés sensorielles ne sont en rien inférieures à celles de nombreux animaux, elles sont simplement adaptées à nos propres besoins – comme c’est le cas pour toutes les espèces. De ce point de vue, nous sommes une espèce animale tout à fait normale. Alors, pourquoi nous rabaisser ? Pourquoi nous comparons-nous toujours à des espèces plus douées que nous plutôt qu’à celles sur lesquelles nous avons un avantage ?
Je pense que, au plus profond d’eux-mêmes, beaucoup d’amoureux de la nature souhaitent ne pas être les maîtres de cette planète. Les nouvelles quotidiennes sur la destruction de l’environnement, les annonces apocalyptiques sur le changement climatique nous font paraître si brutalement supérieurs à toute autre créature que le lien, le point commun avec l’ensemble des habitants de notre écosystème, ne peut être que brisé. Cela nous fait mal, et pas seulement à cause des répercussions sur la nature.
Si la rupture était vraiment consommée, alors nous serions la seule espèce raisonnable à vivre sur une planète peuplée de créatures stupides et sans défense. Les créatures qui nous entourent au quotidien – chiens et chats, oiseaux et écureuils, papillons et mouches – seraient toutes moins intelligentes et ainsi condamnées à être écrasées, voire exterminées, par nous. Cette seule impression fait naître en nous un sentiment d’exclusion.
Bien entendu, il existe des espèces qui se sont spécialisées dans certaines perceptions. Les rapaces, par exemple, ont des yeux qui leur permettent de distinguer les détails jusqu’à quatre fois mieux que nous. Ils peuvent ainsi repérer une souris à plus d’un kilomètre d’altitude. Certaines espèces, telles que les vautours ou les faucons, possèdent même des sortes de jumelles intégrées qui peuvent agrandir une partie de leur champ visuel, leur permettant ainsi de voir encore mieux de loin.
Les requins, pour leur part, ont un odorat incroyable. Ils peuvent sentir le sang de poisson jusqu’à une dilution d’un pour dix milliards. Soit dit en passant : cela ne marche pas avec du sang humain, n’en déplaise aux alarmistes. Nous ne faisons pas partie des proies qu’ils chassent et nous leur sommes, dans la plupart des cas, parfaitement indifférents. Des performances particulières s’observent finalement chez toutes les espèces. Chacune d’elles possède exactement les facultés dont elle a besoin pour survivre dans sa niche écologique. Le chien, pour revenir à notre comparaison initiale, a besoin du bon nez dont l’a pourvu son ancêtre le loup afin de dépister ses proies. Les capacités de ses yeux et de sa langue n’ont pas à être aussi pointues dans son monde que dans le nôtre, à l’inverse de celles de ses oreilles. Le chien est parfaitement adapté à son milieu, comme nous au nôtre. C’est aussi la raison pour laquelle la comparaison n’a pas lieu d’être, puisque, ainsi considéré, nul n’est meilleur ou moins bon que l’autre.
Nos sens fonctionnent toujours à la perfection, comme chez nos lointains ancêtres, et nous permettent ainsi d’être attentifs à notre environnement. Or cet environnement n’est pas initialement composé de bureaux, de canapés et de fast-foods, mais de forêts et de savanes – du moins devrait-il encore en être ainsi. Nous sommes parfaitement équipés pour ces deux derniers milieux, où nous pouvons à tout moment (après quelques semaines d’entraînement) faire jeu égal avec les créatures sauvages.
Nous appartenons toujours à une grande communauté et sommes dotés d’organes des sens extraordinaires qui nous permettent d’appréhender et de goûter pleinement notre propre milieu. Ces sens, avec lesquels nous observons aussi toutes les facultés des autres espèces, renforcent notre empathie et notre considération à leur égard. Le lien qui nous unit à la nature n’est et n’a jamais été rompu ; nous l’avons juste ignoré quelque temps. Et avec ce sentiment d’appartenance pleine et entière, les mesures de protection de l’environnement apparaissent sous un nouveau jour. Nous ne devons pas protéger la nature là, dehors ; il ne s’agit pas de consentir à quelques concessions uniquement pour préserver de l’extinction des coléoptères ou oiseaux insignifiants. Non, en prenant chaque mesure qui contribue à préserver l’écosystème Terre, nous nous préservons nous mêmes ainsi que notre qualité de vie, pour la simple raison que nous sommes partie intégrante de ce tout. La protection de la nature est et ne peut être que pure sollicitude à l’égard de nous-mêmes. »
Peter Wohlleben, L’Homme et la nature, comment renouer ce lien secret, Paris, Les Arènes, 2020, pp. 36-38




