Texte à résumer, format CNC, CCINP, E3A (1)
Voici un texte à résumer, dans l’esprit des concours CNC, CCINP et E3A, cardant avec le nouveau thème: ‘l’Enfance »
« Le terme « mineur » serait plus approprié ; « enfant » relie uniquement aux géniteurs ou aux parents légaux ou adoptifs. De toute façon, que l’on dise « enfant » ou « mineur », cette disposition de la loi ne devrait pas s’étendre jusqu’à dix-huit ans. Un enfant de parents divorcés beaucoup plus qu’un enfant de couple uni, devrait être reconnu comme pouvant plus tôt qu’un autre essayer de s’assumer lui-même en travaillant de façon licite, par exemple, au lieu de rester à la charge d’un seul membre du couple ou d’un parent qui ne vit pas en couple. Selon moi, la société devrait reconnaître à certains enfants de divorcés une capacité d’émancipation morale et civique. Il faudrait peut-être créer une expression comme « mineur autonomisé légalement ». Il ne serait pas pour autant dégagé du lien à ses parents, contrairement à l’émancipation, qui dégage la responsabilité des parents. Il conserverait ses relations affectives avec ses parents, et ceux-ci garderaient leur responsabilité vis-à-vis de lui dans la mesure où ils en seraient d’accord, lui et eux.
Mais il faudrait que l’autonomie sociale, la possibilité de faire un travail payé, soit reconnue aux jeunes de quatorze ans. L’autonomisation intra-familiale commence effectivement à neuf ans, lorsque l’enfant décide d’aller passer son weekend chez un copain, du faire du violon ou de la flûte, veut aller en camp scout. Ce sont les parents qui lui donnent l’autorisation, mais c’est lui qui prend les initiatives. Elles sont contrôlées par les parents mais non interdites.
La justice, de son côté, ne devrait pas oublier que les mesures prises dans « l’intérêt de l’enfant » constituent les conditions qui vont le conduire à devenir autonome à l’adolescence. Il est dans une dynamique évolutive. C’est pour cela que la décision concernant la garde devrait être souvent remaniée. Tout ce qui peut le rendre plus apte à se séparer de ses deux parents, autant du parent continu que du parent discontinu, parce qu’il est capable de se prendre en responsabilité. Doit être recherché avec les moyens des connaissances psychologiques actuelles dans les décisions qui seront prises.
Il faut envisager de ce point de vue :
- Un intérêt immédiat pour que l’enfant de ne se « déglingue » pas ;
- Un intérêt à moyen terme, pour qu’il retrouve sa dynamique évolutive après des moments difficiles ;
- Un intérêt à long terme, pour qu’il puisse quitter ses parents : il faut qu’il soit soutenu à acquérir son autonomie plus vite que les enfants de couples unis, c’est-à-dire qu’il devienne capable de se prendre en responsabilité et non pas de s’attacher trop au parent continu ou de développer des mécanismes de fuite, qui sont principalement de deux types : l’inhibition – la fuite à l’intérieur de soi- ou l’abandon de la formation pré-professionnelle, des études, ce qui va parfois jusqu’à des fugues répétées.
« L’intérêt de l’enfant », c’est de le mener à son autonomie responsable.
J’ai encore entendu parler aujourd’hui d’un garçon qui, ayant dépassé vingt ans, dernier de la fratrie, est resté seul avec sa mère divorcée. Il commence seulement maintenant à avoir des amis, exclusivement des garçons. Sa mère s’en inquiète : « Nous étions toujours ensemble. Il était le seul qui me restait. Il trouvait très mal ce qu’avait fait son papa. Il était bon élève et, maintenant que l’examen approche, il abandonne tout. »
Il ne peut pas réussir, parce qu’il est dans l’inceste. « L’intérêt de l’enfant », dans ce cas, c’eût été de dire bien plus tôt à cette femme de le mettre en internat ou ailleurs et de l’empêcher, lui, de se consacrer à elle.«
Françoise DOLTO, « Quand les parents se séparent », éd. Seuils, Paris, 1988, p. p. 124-126.