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Explication linéaire des paragraphes du Chapitre XVI de: « Traité théologico-politique » (1): paragraphes: 01-05 . Thème: « Individu et communauté »

Paragraphe | Résumé | Citation en rapport avec le thème |
[1] Lignes : 01-11 | Spinoza rappelle l’enjeu de la première partie de sont Traité théologico-politique à savoir : distinguer philosophie et théologie et démontrer la compatibilité de la liberté et de la théologie. Il annonce par la suite l’objet de la seconde partie (les chapitre : XVI-XX) : la liberté de l’individu dans le cadre d’un Etat. Il s’agit d’examiner les fondements de ce dernier, lequel examen passe par l’étude du droit naturel abstraction faite des lois étatiques et des commandements de la religion. | « Chaque individu a un droit souverain de persévérer dans son état, c’est-à-dire (comme je l’ai dit) d’exister et de se comporter comme il est naturellement déterminé à le faire. » (P. 66) |
[2] Lignes : 13-21 | Spinoza définit le droit naturel comme étant l’ensemble des règles régissant les comportements et la vie des individus. Il s’agit, en d’autres termes d’un déterminisme naturel, d’une nécessité naturelle qui dicte à tout individu une manière de vivre bien déterminée comme c’est bien le cas des gros poissons, comme individus, qui doivent se nourrir des petits par nécessité. | |
[2] Lignes : 22-35 | L’aspect souverain du droit naturel découle du droit souverain qu’a Dieu sur tout. Ainsi, chaque individu possède un droit naturel souverain (qu’il ne partage pas avec un autre individu qu’aucun autre ne peut lui enlever) sur tout ce qui est en son pouvoir. | |
[2] Lignes : 36-69 | Spinoza pose « le droit souverain de persévérer dans son état » comme « loi suprême de la nature » consistant à vivre et se conduire conformément à son droit naturel, c’est-à-dire aux lois déterminées par sa propre nature. Tous les individus sont soumis également au droit naturel et jouissent de son caractère souverain sans distinction aucune entre idiots ou individu rationnels. Ainsi, le droit naturel n’interdit pas aux premiers de vivre selon leur appétit et aux seconds suivant ce que leur dicte la raison. Spinoza clôt ce paragraphe en précisant qu’on ne pèche pas en se soumettant au droit naturel, autrement dit le droit naturel n’interdit rien et il n’ya pas lieu de parler de crime avant l’établissement de l’Etat. | |
[3] | C’est la force et l’appétit qui détermine le droit naturel et non la raison car l’homme naît dans l’ignorance de l’usage de la raison. Etant donné que les humains sont contraints de se maintenir en vie, ils vivent selon le moyen dont la nature les a dotés à savoir l’appétit et non la raison. Ainsi, l’individu a le droit de désirer tout ce qui lui est utile et l’obtenir par tous les moyens : force, ruse, prières. | « Tout ce donc qu’un individu considéré comme soumis au seul empire de la nature juge lui être utile, que ce soit sous la conduite de la droite raison ou par la violence de ses passions, il lui est loisible de l’appéter en vertu d’un droit de nature souverain et de s’en saisir par quelle voie que ce soit, par la force, par la ruse, par les prières, enfin par le moyen qui lui paraîtra le plus facile ; conséquemment aussi de tenir pour ennemi celui qui veut l’empêcher de se satisfaire. » (P. 68) |
[4] | Le droit naturel n’interdit rien sauf ce que l’homme ne convoite pas et ce qu’il ne peut pas obtenir par manque de force/puissance. Afin donc de réaliser ses désirs, il peut recourir à toutes les passions négatives telles que la haine, la colère, et même à la violence. Cela n’a rien d’étonnant car la nature (l’univers) n’est pas renfermée dans les limites de la raison humaine qui vise uniquement de maintenir les humains en vie. C’est dire que la nature est soumises à une à une infinité d’autres lois qui embrassent l’ordre éternel de tout l’univers et dont l’homme n’est qu’un élément entre autres. Mais, l’homme cherche toujours à interpréter ce qui se passe autour de lui à travers le prisme de la raison en toute ignorance des lois qui régissent la nature universelle. Il s’ensuit que ce qu’il juge mauvais ne l’est que pour lui et selon sa propre raison et qu’il peut être bon selon les lois de la nature entière. | |
[5] Lignes : 01-06 | Il est certain que le fait de vivre selon les prescriptions de la raison est avantageux aux humains car cela permet leur conservation et les oriente vers l’utile. | |
[5] Lignes : 07-15 | Il va de soi que tous les individus souhaitent se soustraie à la crainte, toutefois, mais c’est là un objectif impossible à atteindre tant que chacun se comporte librement selon ses désirs et volontés et n’accorde pas à la raison plus de pouvoir qu’à son appétit. Vivre dans « les intimités, les haines, la colère et les ruses » est angoissant et chacun s’efforce de les éviter. | |
[5] Lignes : 16-28 | Spinoza souligne, dans cet élément du cinquième paragraphe, la nécessité, pour l’individu, d’une part, d’intégrer une communauté, ou pour l’ensemble des individus de former une communauté solidaire et d’autre part de vivre selon les prescriptions de la raison afin de se libérer de l’emprise des besoins et impératifs de la vie. La condition d’une vie heureuse et sécurisée est de fonder une communauté organique. Cela passe par le renoncement de chaque individu à son droit naturel en faveur de la communauté. Ainsi, la puissance et l’appétit ne définiront plus ledit droit naturel qui sera alors aligné sur la volonté de l’ensemble des membres de ladite communauté. | « Que l’on considère encore que, s’ils ne s’entraident pas, les hommes vivent très misérablement. (P. 70) (Nécessité, pour l’individu, de vivre en communauté) « Pour vivre dans la sécurité et le mieux possible les hommes ont dû nécessairement aspirer à s’unir en un corps et ont fait par là que le droit de chacun avait de nature sur toutes choses appartînt à la collectivité et fût déterminé non plus par la force et l’appétit de l’individu mais par la puissance et la volonté de tous ensemble. » (P. 70) |
[5] Lignes : 29-40 | Pour réaliser ce nouveau mode de vie, les individus doivent s’affranchir de leurs appétits car ces derniers les désunissent : chacun suit un désir différent de celui des autres. Néanmoins, soumettre leur vie aux lois de la raison permettra de les unir vu que personne ne peut aller à l’encontre de ce qui émane de la raison sous peine d’âtre taxé de fou. Bref, afin de fonder la communauté, il est fondamental, en plus de se conformer aux lois de la raison, de canaliser/tempérer l’appétit et ce pour éviter ses conséquences nuisibles sur les individus. | « Il leur a donc fallu, par un établissement très ferme, convenir de tout diriger suivant l’injonction de la raison seule […] de réfréner l’appétit en tant qu’il pousse à causer du dommage à autrui, de ne faire à personne ce qu’ils ne voudraient pas qui leur fût fait, et enfin maintenir le droit d’autrui comme le sien propre. » (P. 71) (Se soumettre aux prescriptions de la raison et encadrer l’appétit est moyen de fonder le collectif) |