Traitement progressif d’un sujet de dissertation (1) : analyse du sujet+rédaction de l’introduction et de la première partie.

Traitement progressif d’un sujet de dissertation (1) : analyse du sujet+rédaction de l’introduction et de la première partie. Sujet : « D’après Guy DEBOS : « [C’est] la liberté d’être soi-même à laquelle chacun doit accéder » Vous rédigerez l’introduction, la conclusion et la première partie d’une dissertation en commentant le propos ci-dessus. » » Analyse des termes de la citation Analyse lexicale La liberté : faculté d’agir, de penser et de s’exprimer sans contrainte, selon sa propre volonté. Être soi-même : exprimer sa singularité, réaliser son individualité… Chacun : chaque individu Accéder : Analyse syntaxique Le semi-auxiliaire « doit » modalisant le verbe « accéder » met l’accent la nécessité d’entrer en possession d’une liberté permettant à l’individu de se réaliser, de manifester sa singularité. Reformulation L’individu est tenu d’obtenir la liberté d’affirmer son individualité. L’individu est libre à partir du moment où il réalise son individualité. La liberté est cela qui permet le surgissement de la singularité de l’individu. Problématisation Toutefois, la liberté excessive ne peut-elle pas être nuisible/destructrice ? Plan général Certes, la liberté est moyen de réalisation de l’individu. Mais, elle peut nuire et à l’individu et à la communauté. Par ailleurs, la liberté fonde le collectif. Proposition de dissertation L’homme place la liberté au-dessus de tout. Il est né libre et il s’efforce de le demeurer. Il a même, dans ce sens, érigé la liberté au rang d’un droit. C’est ainsi qu’on parle de la liberté d’expression pour signifier droit à l’expression. Mais pour Guy Debos, il y a une forme particulière de liberté qu’il faut que l’homme réalise comme il le souligne dans ces termes : « [C’est] la liberté d’être soi-même à laquelle chacun doit accéder ». Ainsi, Guy Debos associe la liberté à la réalisation de soi en faisant du groupe prépositionnel « d’être soi-même » un complément du nom du groupe nominal « la liberté », cette association est confirmée par le modalisateur « doit » mettant l’accent sur la nécessité « d’accéder » à cette forme de liberté. C’est dire, en d’autres termes, que, d’après Guy Debos, la liberté qui compte pour tout individu est celle lui permettant d’affirmer son individualité. Toutefois, cette liberté peut être poussée à l’extrême et entraîner des suites indésirables. Cela nous autorise alors à nous demander si la liberté ne peut pas, quand elle est excessive, nuire, non seulement, à l’individu mais également à l’ensemble de la communauté. Afin d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation, à la lumière de notre lecture des œuvres inscrites au programme : Le Temps de l’innocence d’Edith Wharton, Les Suppliantes et Les Sept contre Thèbes d’Eschyle et Traité théologico-politique de Baruch Spinoza, nous verrons d’abord que la liberté est moyen de réalisation de soi, ensuite qu’elle est nuisible à l’individu et à la communauté quand elle excessive, enfin qu’elle peut fonder le collectif de même que ce dernier favoriserait la liberté individuelle. Certes, la liberté, comme le pense Guy Debos, est moyen de réalisation de soi et ce car elle permet de s’affranchir des contraintes et de disposer de soi. D’une part, la liberté consiste à se défaire des contraintes. Autrement dit, la liberté procède par négation et annulation des contraintes en ce sens que moins on a de contraintes plus on est libre. C’est justement dans ce sens que l’on peut considérer le personnage d’Ellen Olenska, dans Le Temps de l’innocence d’Edith Wharton, comme étant un individu libre car il n’accorde aucun intérêt aux regards indiscrets que portent sur lui elle les hommes présents à l’Opéra et en particulier aux jugements de ces gardiens de la tradition qui sont Lawrence Lefferts et Sillerton Jackson comme nous le lisons dans ces termes : « « La jeune femme, qui semblait inconsciente de l’attention qu’attirait sa toilette originale, s’arrêta un moment, refusant du geste la place que Mrs. Welland voulait lui céder à droite de sa loge. » (P. 27) L’on voit bien, à travers cet exemple, l’indifférence qu’affiche ce personnage par rapport aux critiques dont il fait l’objet comme le trahit l’adjectif qualificatif « insouciante ». Cette insouciance dont elle fait montre par rapport au regard scrutateur de Lawrence Lefferts et Sillerton Jackson, signifie, à certains égards, qu’Ellen Olenska n’a pas intégré le regard de l’autre et qu’elle ne le prend pas, le moins du monde en considération. En outre, son attention est tellement concentrée sur la représentation qu’elle ignore complètement qu’elle fait l’objet des regards curieux de la gent masculine : « Quant à la cause de cette émotion, elle restait gracieusement assise dans son coin de loge, les yeux fixés sur la scène. » (P. 32) Nous pouvons évoquer, dans ce même ordre d’idées, le cas des Danaïdes, dans Les Suppliantes d’Eschyle, qui se sont contraintes à l’exil afin d’échapper à un mariage imposé par les fils d’Egyptos comme le souligne le Chœur dans ces termes : « Nous nous sommes exilées, non pas qu’un vote de la cité nous ait condamnées à être bannies pour avoir tué, mais parce que, dans notre répugnance instinctive pour l’homme, nous repoussons avec horreur l’hymen des enfants d’Égyptos et leur dessein impie. » (P. 93) Cet exemple met en avant la raison de l’exil des filles de Danaos qui n’est, loin s’en faut, pas un crime qu’elles ont perpétré, mais la fuite d’un mariage auquel les Egyptiens comptent les contraindre. Mais, c’est surtout Traité théologico-politique qui attribue à la liberté de l’individu une place plus on ne peut plus importante. En effet, Spinoza fait de la notion de liberté la cheville ouvrière de toute son œuvre en notant, d’entrée de jeu, dans le sous-titre de son livre que : « Le liberté de philosopher non seulement peut être accordée sans dommage pour la piété et pour la paix de la République, mais qu’on ne peut la supprimer sans supprimer en même temps la paix de la République et la piété. » Ce propos spinoziste, qui tient lieu de thèse de tout le Traité théologico-politique, montre la place centrale qu’occupe la liberté de pensée et d’expression dans la réflexion de Spinoza et insiste sur la compatibilité de ladite liberté avec la piété et la paix civile voire il pose la liberté comme condition de maintien de ces dernières. S’agissant de la liberté comme synonyme d’affranchissement des contraintes, elle est garantie par le droit naturel surtout grâce au caractère souverain de ce dernier : « chaque individu a un droit souverain de persévérer dans son état, c’est-à-dire (comme je l’ai dit) d’existe et de se comporter comme il est naturellement déterminé à le faire. » (P. 66) Dit autrement, le droit naturel se veut à la fois contraignant et garant de la liberté de l’individu : il détermine la manière de se comporter et de vivre de l’individu en le soumettant à un ensemble de règles conformes à sa propre nature sans pour autant le subordonner à un autre individu. Ce qui revient à dire que l’individu jouit pleinement et librement de son droit naturel sans qu’il soit assujetti à un élément extérieur. Bref, la liberté réside donc dans le fait de s’affranchir des contraintes et ce afin de réaliser son individualité. D’autre part, la liberté permet de disposer de son propre être. Il s’agit, pour l’individu, d’entrer en possession de son être et ce en exprimant sa singularité sans se sentir dans l’obligation de rendre des comptes aux autres comme le fait bien Ellen Olenska en s’habillant et se coiffant à sa guise : «« Le style de sa coiffure, lui donnant ce qu’on appelait alors une « allure Joséphine » était souligné par la coupe un peu théâtrale de sa robe de velours bleu corbeau, serrée sous la poitrine par une ceinture que retenait une grande agrafe ancienne. » (pp. 26-27) En s’habillant et se coiffant différemment, Ellen Olenska se comporte comme une femme libre, complètement affranchie des usages de la communauté new-yorkaise en la matière. C’est justement en se libérant de l’emprise de cette dernière qu’elle affirme sa singularité par rapport aux autres femmes trop conformistes car, selon le narrateur, elles sont « les produits de ce système. » (P.27) L’adjectif « théâtrale » décrivant de la robe d’Ellen permet pour signaler que sa tenue est suffisamment remarquable pour attirer l’attention d’autant plus qu’elle sort de l’ordinaire par son aspect osé. Disons, tout compte fait, qu’Ellen Olenska se démarque des autres femmes et s’individualise grâce à la liberté qu’elle prend en se coiffant et s’habillant singulièrement. C’est dans cette même logique que s’inscrit le processus d’individuation des Danaïdes. En fait, si elles choisissent l’exil, c’est justement pour se libérer d’un mariage auquel les Egyptiens veulent les contraindre. En se soustrayant ainsi à cette contrainte, les Danaïdes disposent complètement de leur être et acquièrent la possibilité de décider de leur devenir et donc de réaliser leur individualité selon leur volonté. Pour ce qui est du Traité théologico-politique, la liberté y est garantie par le droit naturel comme le précise l’extrait suivant : « Tout ce donc qu’un individu considéré comme soumis au seul empire de la nature juge lui être utile, que ce soit sous la conduite de la droite raison ou par la violence de ses passions, il lui est loisible de l’appéter en vertu d’un droit de nature souverain et de s’en saisir par quelle voie que ce soit, par la force, par la ruse, par les prières, enfin par le moyen qui lui paraîtra le plus facile ; conséquemment aussi de tenir pour ennemi celui qui veut l’empêcher de se satisfaire. » (P. 68) Compte tenu de ce propos, l’on constate, d’abord, que le pronom indéfini totalisant « tout » met en avant la liberté de l’individu par rapport aux objets de son désir à condition que ces derniers soient utiles. C’est dire que l’individu dispose d’une liberté totale de convoiter ce qui lui est utile comme l’affirme le tour impersonnel « il lui est loisible de l’appéter », ensuite que la liberté en question est garantie par le droit naturel, auquel tout individu est nécessairement soumis, comme l’indique l’expression « en vertu d’un droit de nature souverain » signifiant que c’est en raison du droit naturel que l’homme a la possibilité de désirer tout ce qu’il trouve utile et ce justement grâce au caractère souverain dudit droit naturel, selon lequel nul ne peut enlever à l’individu cette liberté de désirer et que l’individu n’est dépendant d’aucune cause exogène en matière de désir, enfin que l’individu est libre de choisir le moyen le plus aisé pour réaliser ses désirs comme le montre l’énumération suivante desdits moyens qui vont des prières à la force en passant par la ruse : « et de s’en saisir par quelle voie que ce soit, par la force, par la ruse, par les prières, enfin par le moyen qui lui paraîtra le plus facile. » Par conséquent, cette liberté de désirer qui se conjugue au pluriel doublée de la liberté des moyens de réalisation de ses désirs permet à tous les individus de se singulariser par la différence et la pluralité et de leurs désirs et des vois qu’ils empruntent pour les assouvir. En gros, la liberté favorise l’individuation. Grosso modo la liberté, comme l’affirme Guy Debos, est moyen de réalisation de l’individualité en s’affranchissant de l’emprise du groupe, toutefois, elle pourrait, quand elle est excessive, également nuire à la communauté.

Traitement progressif d’un sujet de dissertation (1) : analyse du sujet+rédaction de l’introduction et de la première partie.

Radouane EL AMRAOUI

Lire la suite

Synthèse de lecture comparative des œuvres au programme autour de l’axe 1 : la liberté comme condition d’individuation, thème « individu et communauté »

Texte à résumer (2), format CNC, CCINP, E3A, Thème: Individu et Communauté.

Explication linéaire des paragraphes de la préface du Traité théologico-politique de Baruch Spinoza (2), (Paragraphes: 10-16)

Explication détaillée des paragraphes de la préface du « Traité théologico-politique » de Baruch Spinoza (1)

Proposition de résumé de texte (1) dans l’esprit des concours : CNC, CCINP, E3A.

Synthèse de lecture comparative (09) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : De la nécessité de croire.

Traitement intégral d’un sujet de dissertation (4) (Thème: faire croire)

Synthèse de lecture comparative (7) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le comédien comme figure du faire croire.

Synthèse de lecture comparative (8) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le triomphe de la vérité (02)

Synthèse de lecture comparative (6) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le triomphe de la vérité (01)