Résumé de texte, format CNC/CCINP/ E3A (2)
Consigne :
Vous résumerez le texte suivant en 100 mots avec un écart de 10% en plus ou en moins. Vous indiquerez par une barre chaque vingtaine de mots.
Texte :
« À force de côtoyer des dérèglements chez moi et chez les autres, j’ai acquis la conviction qu’un mécanisme parfait gouverne la vie, un mécanisme qui sert la pulsion d’union à merveille. La perfection de ce mécanisme transpire à travers les symptômes qui nous affectent et qui s’accompagnent immanquablement d’émotions. Ces dernières agissent comme des signaux d’alarme qui indiquent le mal-être. Les réactions émotives elles-mêmes prennent leur source dans des blessures fondamentales liées à des expériences comme le rejet, la trahison, l’incompréhension, la non-reconnaissance ou l’humiliation. Ces heurts importants qui parcourent nos vies ont entraîné la formation d’attitudes défensives qui se sont mises en place pour éviter que nous soyons heurtés de nouveau. Ainsi, la personne qui s’est sentie rejetée peut démontrer une fidélité à toute épreuve vis-à-vis de personnes qui ne lui correspondent pas dans le simple but de ressentir qu’elle appartient à un milieu donné.
Les attitudes défensives que nous mettons en place composent ce que nous pourrions appeler notre personnalité ou notre personnage. Ce personnage est une sorte d’armure psychique vivante qui nous protège de façon que nous ne soyons pas perturbés sans cesse par nos blessures fondamentales et les angoisses qu’elles cachent. Ce mécanisme protecteur se compose d’un ensemble de façons de penser, de sentir et d’agir qui nous possède à notre insu. Nous croyons que ce personnage nous définit et nous résume. Mais cela n’est pas vrai. Il représente essentiellement une mesure d’adaptation.
Dans un premier temps, cette carapace protectrice à laquelle nous nous identifions inconsciemment nous permet de survivre aux heurts et aux blessures ; dans un second temps, toutefois, elle nous étouffe. Le problème vient du fait qu’une telle carapace affaiblit nos capacités perceptives et sensitives, si bien que la saveur même de la vie s’en trouve diluée. De la même manière, un vêtement épais nous sépare de notre environnement tout en nous protégeant. Notre personnage protecteur s’oppose notamment à notre individualité créatrice qui veut s’ouvrir au mouvement de la vie et à sa constante nouveauté. Toutefois, la peur nous empêche de donner plus de place à nos élans créateurs. Il devient alors primordial de comprendre les blessures de fond qui ont motivé la mise en place d’une telle armure psychique pour que nos défenses se dissolvent et que nous puissions jouir de l’énergie qui se libère à cette occasion.
Pour être juste, je tiens cependant à signaler qu’un choc particulier précède tous les autres dans nos vies. À lui seul, le choc de la naissance provoque en nous une forte impression de division d’avec le tout universel. Il est d’ailleurs à noter que nos parents ne sont pas responsables de ce choc et de l’impact qu’il a sur nous. Il est un fait de nature. C’est une réalité existentielle. Il s’ancre en nous lors de notre venue au monde. Il n’en reste pas moins que, par la suite, la terreur d’être séparés nous met pratiquement parlant à la merci de ceux qui nous entourent, au point que bientôt nous quêtons appartenance et reconnaissance dans leurs yeux comme si nous étions des êtres démunis et sans valeur.
Nous leur demandons inconsciemment de confirmer sans cesse notre importance pour être rassurés par rapport au fait que nous existons bel et bien. Car le besoin d’être reconnu par les autres combat l’angoisse du vide et du néant qui nous touche tous et toutes en réaction au choc de l’incarnation. Nous finissons par épouser une conception de nous-mêmes qui se situe exactement à l’opposé de celui ou celle que nous sommes réellement. Étant mal situés par rapport à notre véritable nature, ayant oublié que nous sommes des créateurs de vie qui appartiennent au tout et qui n’en ont jamais été séparés, nous souffrons d’une existence qui devient de plus en plus difficile à vivre intérieurement et extérieurement. Nous appelons ainsi le malheur à notre insu et la maladie intervient pour nous indiquer où le bât blesse.
Lorsque j’ai pris conscience de cette perfection même de la vie, voilà quelques années, elle est devenue pour moi un sujet d’émerveillement et la base d’une nouvelle confiance. C’était comme un joyau que je ne me lassais pas de contempler. Mes propres symptômes prenaient sens et je réalisais l’intelligence de l’organisme à travers eux. Les épreuves et les maladies nous convient en fait à un renversement de perspective. Dans une telle conception, il n’y a d’ailleurs plus de séparation marquée entre le corps et l’esprit, entre le matériel et le subtil. Ainsi, une atteinte physique peut exprimer jusqu’à quel point nous pouvons être éloignés concrètement d’une position juste et centrée par rapport à ce que nous sommes psychologiquement parlant. Le dérèglement du fonctionnement des organes et des cellules devient alors le représentant du soi ou de l’âme, selon le terme que l’on préfère. Il s’adresse directement à la conscience. Ne pas prendre de temps pour écouter ce fracas intime équivaut à refuser le message vivant qui émerge des profondeurs. C’est comme ne pas ouvrir une lettre importante livrée par le facteur. »
Guy CORNEAU, « Revivre », Versilio (éditions de L’Homme), octobre 2010, p. p. 68-69.