Dans son livre intitulé L’Ombre infinie de César, regards sur la Provence, Lawrence DURRELL déclare que « Le sentiment d’amour subit un processus de « cristallisation » qui requiert de la part des amoureux patience et vigilance. » Ce propos durrellien fait exactement écho à l’affirmation suivante, par laquelle l’écrivaine marocaine Leila SLIMANI clôt son premier roman Dans le jardin de l’ogre, « L’amour, ça n’est que de la patience. » (P. 228) Laquelle affirmation met en évidence un élément définitoire exclusif de « l’amour » à savoir « la patience » comme en témoigne la négation exceptive par « ne … que » qui réduit l’amour à la seule patience. Autrement dit, le sentiment amoureux se définit, d’après SLIMANI, exclusivement par l’attente stoïque et inlassable. Il ne prend forme que dans la durée. Cela étant posé, il convient donc de se demander si l’amour ne s’inscrit pas dans l’empressement. Afin d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation, à la lumière de notre lecture des œuvres au programme : Le Banquet de Platon, Le Songe d’une nuit d’été de William SHAKESPEARE et La Chartreuse de Parme de STENDHAL, nous verrons d’abord que l’amour se base principalement sur la patience ensuite qu’il est plutôt une urgence enfin qu’il n’est qu’une fiction.
En effet, la patience est, selon le propos ci-dessus de Leila SLIMANI, nécessaire à l’existence du sentiment amoureux en ce sens qu’il a besoin de temps pour sa maturation, qu’il nécessite la persévérance et qu’il exige que ses maux soient supportés stoïquement.
L’amour suit un processus de mûrissement. Il rétif à la précipitation. C’est justement dans ce même sens que Pausanias souligne que ceux qui sont touchés par l’Éros céleste, « pour aimer les jeunes garçons, ils attendent que ces derniers aient déjà fait preuve d’intelligence ; or cela arrive vers le temps où la barbe pousse. » (Platon, Le Banquet, p. 102) Ainsi, Pausanias indique l’âge auquel les amants doivent faire leurs avances aux aimés à savoir l’âge de discernement. C’est dire que l’amour ne peut s’établir qu’à l’âge de raison. Dans ce même sens, Lysandre et Démétrius mettent leurs retournements en amour sur le compte de l’immaturité. Le premier déclare à Héléna que « trop jeune moi-même, je n’étais pas encore mûr pour la raison ; mais maintenant que j’ai atteint le faîte de la connaissance humaine, c’est la raison qui guide mon jugement et m’entraîne vers tes yeux… » (SHAKESPEARE, Le Songe d’une nuit d’été, p. p. 95-97), quand au second il justifie son revirement à Égée par ces mots : « mon amour pour Hermia fondit comme de la neige et il m’apparaît maintenant comme un vain colifichet dont, enfant, j’eusse raffolé. » (P. 177) Au fond, les deux jeunes athéniens soutiennent qu’ils n’ont accédé au véritable amour qu’une fois le seuil de maturité franchi. Démétrius, lui, considère l’amour qu’il a eu pour Hermia comme un jeu d’enfant. Ce qui n’est pas sans montrer que l’amour précoce (l’amour à l’âge des premières fois) n’est pas à prendre au sérieux. Grosso modo, l’âge de l’amour est celui de la maturité, mais son moyen demeure la persévérance.
L’amour n’est pas une légèreté, loin s’en faut, il exige de la part des amoureux de déployer des efforts pour lui donner forme. Ainsi, Dans la comédie shakespearienne, Héléna accable Démétrius de ses avances comme le trahit cette réplique : « et moi, je vous en aime davantage.je suis votre épagneul : plus vous me battrez et plus je vous cajolerai. » (P. 81) Autrement dit, Héléna refuse de capituler. Elle persévère malgré les rejets de Démétrius. Lesquels ne font qu’accroître sa fermeté à elle voire elle se permet de s’abaisser très bas pour prouver son amour à Démétrius et ce en sacrifiant jusqu’à sa dignité. Pareillement, le couple athénien formé de Lysandre et Hermia ne cède ni à la décision parentale (Egée oblige sa fille Hermia d’épouser le soupirant qu’il lui a choisi à savoir Démétrius) ni à la loi d’Athènes (qui condamne toute fille refusant le parti proposé pour son père à renoncer au mariage toute sa vie en épousant la vie religieuse.) et opte pour la fuite afin de protéger son amour comme en témoigne ce propos de Lysandre invitant Hermia à s’engager avec lui dans ce projet de fuite : «si tu m’aimes, échappe-toi de la maison de ton père demain, la nuit et rends-toi dans la forêt… » (P. 47). C’est dire, en d’autres mots, que l’amour n’est pas une mince affaire, qu’il contraint ceux qui s’y adonnent à s’y investir quitte à renoncer, ce qui est bien le cas dudit couple athénien, à des attaches indispensables comme la famille et la cité pour aller protéger leur amour dans un endroit périlleux qui n’est autre ici que la forêt. Cette persévérance dont Héléna et ledit couple athénien font preuve pour garder leur amour en vie trouve son écho dans le roman stendhalien où le comte Mosca ne ménage rien afin de gagner l’amour de Gina et de le pérenniser : il lui ouvre les porte de la cour de Parme, l’aide à assurer un meilleur avenir à son neveu Fabrice, il lui porte conseil dans ses moments de détresse et surtout il lui prouve qu’elle compte beaucoup pour lui au point d’être prêt à tout abandonner pourvu qu’il soit avec elle comme il le lui déclare dans ces termes : « j’aime mieux vivre dans un quatrième étage avec vous que de continuer seul cette grande existence. » (P. 181) Ainsi quitte-t-il l’opulence et les avantages de sa vie palatiale pour une vie moins brillante avec sa bien-aimée si elle veut de lui dans sa vie comme nous le rapporte le narrateur ainsi : « Le comte était amoureux. Si la duchesse part je la suis, se disait-il ; mais voudra-t-elle de moi à sa suite ? Voilà la question. (P. 334) Dans l’œuvre platonicienne, le personnage qui incarne la persévérance en amour et bel et bien Alcibiade. Lequel multiplie les efforts, recommence tout du début pour partager un moment d’intimité avec Socrate : il s’arrange pour être seul à seul avec lui, il pratique le sport en sa compagnie, il va même jusqu’à l’inviter à dîner et le retient à passer la nuit avec lui. Alcibiade nous décrit les circonstances propices à la consommation de l’amour où il se trouve avec Socrate dans ces mots : « il reposait donc sur le lit qui touchait le mien, et où il avait dîné ; personne ne dormait dans la pièce que nous deux. » (Platon, Le Banquet, p. 169) À vrai dire, Alcibiade ne se lasse pas. Bien que Socrate repousse ses avances, comme le trahit ce propos du premier : « au vu des efforts que moi j’avais consentis, sa supériorité à lui s’affirmait d’autant : il dédaigna ma beauté, il s’en moqua et se montra insolent à mon égard. » (P. 172), celui-là ne se décourage pas. Bien au contraire, il fait montre de plus d’assiduité en amour. Bref, la persévérance est preuve de patience en amour et en cela l’endurance n’est pas en reste.
Il va sans dire que la fermeté avec laquelle les amoureux affrontent les souffrances dues à l’amour manifeste leur patience. Le Banquet de Platon nous fournit, à ce propos, un exemple on ne peut plus éloquent à travers cet extrait du discours d’Aristophane : « ils (les deux moitiés de l’androgyne) s’enlaçaient mutuellement, parce qu’ils désiraient se confondre en un même être, et ils finissaient par mourir de faim et de l’inaction causée par leur refus de rien faire l’un sans l’autre. » (P. 117) Ainsi à la suite de leur séparation par Zeus, les deux moitiés de l’androgyne endurent la faim et l’immobilité jusqu’à la mort et ce pour réaliser l’union perdue. Elles deviennent insensibles à ce qui est source de vie. Elles neutralisent, en atteignant un niveau paroxystique de patience, les besoins de survivance. Il en va de même pour Héléna, dans Le Songe d’une nuit d’été de SHAKESPEARE, qui répond à la menace de Démétrius de lui faire outrage dans la forêt qu’elle subissait ses affronts partout : « Hé, ne me fais-tu pas outrage au temple, à la ville, à la compagne ? » (P. 83) Ainsi Héléna accepte-t-elle d’être humiliée, supporte-t-elle les offenses que lui inflige son amant Démétrius. Elle sacrifie son amour-propre sur l’autel de l’amour. Mais c’est surtout ce propos d’Obéron qui traduit justement la souffrance qui ronge Héléna du fait de son amour pour Démétrius : « elle a le mal d’amour et le teint pâle, car les soupirs d’amour ruinent le jeune sang. » (P. 127) Force donc est de constater, à partir de ces mots, que ce que ressent Héléna pour Démétrius atteint les proportions de la passion amoureuse et ce du moment qu’elle en est martyrisée. Toutefois, Héléna continue de se livrer à un sentiment qui ne fait que la tortionner. Dans le roman de STENDHAL, le chagrin d’amour que vivait Fabrice à cause du mariage de sa bien-aimée Clélia l’a métamorphosé. Il s’ensuit que sa tante n’arrive pas à le reconnaitre comme le souligne à juste titre ce passage : « elle le trouva tellement changé, ses yeux encore agrandis par l’extrême maigreur, avaient tellement l’air de lui sortir de la tête, et lui-même avait une apparence tellement chétive et malheureuse.» (P. 567) S’il est vrai que la souffrance dont l’auteur est l’amour a son effet sur le corps et l’âme de Fabrice, il n’en demeure pas moins que ce dernier prend son mal en patience, qu’il endure patiemment les douleurs qui transforment son amour pour Clélia en une passion amoureuse. Disons, somme toute, que l’endurance dont font montre les personnages précités n’est pas sans mettre évidence le rôle central de la patience en amour.
Compte tenu du susmentionné, l’amour est ce sentiment dont l’essence, comme l’affirme Leila SLIMANI, est la patience, et ce eu égard à l’attente sereine, à la persévérance et à l’endurance qu’il réclame. En revanche, ledit sentiment se place également sous le signe de l’urgence.
Le sentiment amoureux s’inscrit dans l’urgence vu l’empressement des amoureux, la pression du désir et l’immédiateté du coup de foudre.
Pratiquement, l’aspect urgent de l’amour est manifeste dans l’empressement des amoureux. Ceci apparaît davantage si l’on prend en considération l’exemple suivant tiré de La Chartreuse de Parme : « la marquise, de son côté, ne pouvait tenir en place. » (P. 600) qui décrit l’impatience de Clélia d’aller assister à un sermon de Fabrice : elle n’arrête pas de se mouvoir comme si elle cherchait à hâter cette rencontre avec son amant. Son impatience est telle qu’elle se projette déjà dans le futur. Il semble d’ailleurs que cela soit confirmé dans le dialogue de Platon surtout à travers le discours d’Aristophane où l’on peut lire : « nul ne pourrait croire que ce soit la simple jouissance que procure la jouissance sexuelle, dans l’idée que c’est là, en fin de compte, le motif du grand plaisir et du grand empressement que chacun prend à vivre avec l’autre. » (P. 119) Si Aristophane ne réduit pas l’amour au seul plaisir sexuel, il ne manque pas de souligner l’impatience des amoureux de vivre ensemble. L’empressement des amoureux frappe l’amour du sceau de l’urgence. La pression du désir participe à ce même effet.
Tout désir demande à être assouvi sans délai. C’est ce qu’illustre exactement ce fragment de la première réplique de Thésée dans Le Songe d’une nuit d’été : « dans quatre heureux jours apparaîtra la nouvelle lune ; oh mais qu’elle est longue à mourir cette vieille lune ! Elle étire mes désirs » (P. 35) Il est clair que Thésée est impatient de satisfaire des désirs qui, autant il les contient, autant ils deviennent plus pressants. Pressant, le désir se veut irrésistible chez Fabrice comme en témoigne à juste titre cette scène où la dimension érotique est exprimée de la manière la plus subtile qui soit : « Elle était si belle, à demi vêtue et dans cet état d’extrême passion, que Fabrice ne put résister à un mouvement presque involontaire. Aucune résistance ne fut opposée. » (P. 545) C’est dire que le désir échappe au contrôle. Il refuse qu’on lui impose un cran d’arrêt ou qu’on le reporte à plus tard. Il est un « mouvement » que l’on ne saurait freiner. L’amour est une urgence vu la pression du désir mais il l’est également si l’on prend en compte l’immédiateté du coup de foudre.
Le coup de foudre est une forme d’amour où l’individu se trouve happé par ce sentiment. Dans ce sens, on peut évoquer l’exemple de Lysandre qui, sous l’effet de la petite fleur d’Occident, s’enamoure subitement d’Héléna comme le laisse entendre cette didascalie suivie de la réplique de Lysandre : « Lysandre, se réveillant soudain. Et je me jetterai au feu pour l’amour de toi, ma douce, ma transparente Héléna. » (P. 95) Brusqué par le coup de foudre, Lysandre s’engage dans une déclaration d’amour à Héléna. Ainsi, la soudaineté inhérente au coup de foudre inscrit, parait-il, le sentiment amoureux dans l’urgence. De même, dans La Chartreuse de Parme, la relation d’amour, qui atteindra lors de l’emprisonnement de Fabrice jusqu’à la fin du roman la forme de la passion amoureuse, s’est décidée depuis les premiers regards que les deux personnages ont échangés pendant leur première rencontre. Lisons à ce propos ce passage probant à cet égard : « Fabrice continuant à la soutenir elle tomba dans ses bras. Il sourit, elle rougit profondément ; ils restèrent un instant à se regarder après que la jeune fille se fut dégagée de ses bras. » Si les regards des personnages suggèrent un amour en puissance, le propos suivant du même Fabrice n’est pas sans confirmer la naissance inopinée et immédiate d’une affection : « Ce serait une charmante compagne de prison, se dit Fabrice : quelle pensée profonde sous ce front ! Elle saurait aimer. » (P.150) L’aspect surprenant du coup de foudre n’est pas moins présent dans Le Banquet de Platon dans lequel on lit dans le discours d’Aristophane : « Chaque fois donc que le hasard met sur le chemin de chacun la partie qui est la moitié de lui-même, tout être humain, et pas seulement celui qui cherche un jeune garçon pour amant, est alors frappé par un extraordinaire sentiment d’affection, d’apparentement et d’amour. » (P. 118) Inattendu, le coup de foudre « frappe », s’empare sans crier gare de la personne et l’assujettit au joug de l’amour. Pour tout dire, le cas du coup de foudre atteste le caractère urgent de l’amour.
En somme, il semble, d’après le susdit, que l’amour ne se réduit pas, comme le laisse entendre l’affirmation de Leila SLIMANI, à la seule patience, mais qu’il peut aussi se caractériser par l’urgence et ce compte tenu de l’impatience des amoureux, de la pression du désir et de l’aspect surprenant du coup de foudre. Toutefois, l’amour n’est ni dans la patience et encore moins dans l’urgence : il n’est pas tout simplement ; ce n’est qu’une fiction.
L’amour ne semble être qu’une fiction car il est création de l’imagination, il n’existe que dans les mots et il n’est que désir.
L’amour n’est, semble-t-il, que dans la tête des gens qui y pensent. Ceci apparaît à travers le passage suivant du roman stendhalien : « avoir le tapis magique, se dit-elle, enlever Fabrice de la citadelle, et me réfugier avec lui dans quelques pays heureux » (P. 368) Ainsi Gina transcende-t-elle une réalité où l’amour est impossible en recourant à l’imagination : elle invente un conte dont elle se fait l’héroïne et confère à son amour pour Fabrice une existence imaginaire. Dans Le Songe d’une nuit d’été, les couples créés sous l’effet du suc d’amour mettent les liaisons amoureuses qu’ils ont vécues sur le compte du songe, de la vision comme le trahit cette réplique de Titania : « Mon Obéron ! Quelles visions j’ai eues ! Je me croyais amoureuse d’un âne. » (P. 169) Thésée, quant à lui, trouve que les amoureux athéniens ont beaucoup d’imagination en déclarant : « les amoureux et les fous ont la cervelle si effervescente, la fantaisie si inventive qu’ils conçoivent beaucoup plus de choses que la raison froide n’en peut comprendre. » (P. 189) Partant du fait que les amoureux versent beaucoup dans l’imagination, Thésée refuse de croire les histoires des jeunes athéniens en n’y voyant que des « fables désuètes» et des contes de fées. Si l’amour relève de l’ordre de l’imaginaire, il ne demeure pas moins qu’il se réduit à une existence verbale.
Le sentiment amoureux ne prend forme qu’à travers les mots. Tel est bien le cas des discours tenus par les personnages de l’œuvre platonicienne. L’amour se niche, à travers ces discours, dans les mots. Mais, c’est surtout à dans le discours d’Alcibiade que s’affiche cette présence verbale de l’amour car il choisit de faire l’éloge non pas de l’amour mais de celui pour qui il nourrit un sentiment amoureux à savoir Socrate. Dans La Chartreuse de Parme, les lettres sont le véhicule de l’amour comme le traduit cette évocation des missives de Fabrice pour la Fausta : «malgré le costume anglais exagéré adopté par Fabrice, elle eut bientôt reconnu l’auteur des lettres passionnées. » (P. 307) C’est dire, encore une fois, que l’amour n’aurait de présence que dans les mots, il n’est que mots. Chose qui semble se confirmer dans cette même page à travers le constat que fait Ludovic au sujet de « l’amour » de Fabrice pour la Fausta « vous n’êtes point amoureux ; je vous vois un sang-froid et un bon sens désespérants. ». Il faudrait aussi convoquer, dans ce même sens, l’exemple de Lysandre et Héléna. Laquelle considère la déclaration d’amour que lui a faite celui-là, sous l’effet du suc d’amour, comme une insulte ainsi : « pourquoi faut-il qu’une femme repoussée par un homme soit de ce fait par un autre insultée ? » (P. 97) Ce que ressent Lysandre pour Héléna a reste prisonnier des mots. L’amour n’est donc, tout compte fait, présent que dans les mots qui le portent voire il arrive qu’il soit évincé par le désir.
En effet, il ne saurait y avoir d’existence réelle que du désir. Ainsi, Thésée n’évoque dans sa première réplique du Songe d’une nuit d’été que le désir au pluriel et qualifie au début du cinquième acte les histoires des couples athéniens de « fables désuètes » et de « contes de fées ». C’est dire que l’amour n’a pas d’existence, il n’y a que le désir. Il en va de même pour l’amant « vulgaire », dans Le Banquet, qui, d’après Pausanias, « aime le corps ». N’aimer que le physique, c’est n’avoir d’élan vers l’autre que pour satisfaire un besoin charnel, c’est en faire un objet de désir et de plaisir. Et c’est surtout le propos suivant de Fabrice qui rend indubitablement compte de cette présence exclusive du désir : « J’aime sans doute, comme j’ai bon appétit à six heures ! ». (P. 301) Fabrice assimile l’amour à un besoin instinctif celui de se nourrir. L’amour ne serait donc qu’un désir qui exige à être contenté. Bref, l’amour ne saurait être que chimère.
Chimère, l’amour est inexistant réellement : il est le fruit de l’imagination des humains, il n’existe que dans les mots voire il ne convient de parler que du désir.
Pour conclure, nous avons tenté, tout au long du présent travail, de commenter et discuter, à l’aune de notre lecture des œuvres au programme, l’affirmation de Leila SLIMANI. Ainsi, nous avons concédé, dans un premier temps, à cette écrivaine que l’amour se définit exclusivement par la patience parce qu’il suit un processus de maturation, qu’il exige la persévérance et que le mal d’amour se doit d’être supporté patiemment par les amoureux. Néanmoins, nous avons prouvé, dans un deuxième temps, que l’amour s’inscrit aussi dans l’urgence eu égard à l’impatience des amoureux, à la pression du désir et à la l’immédiateté du coup de foudre. La troisième partie nous a été l’occasion de démontrer que l’amour n’a pas d’existence réelle et ce du fait qu’il n’est que création imaginaire, qu’il n’est présent que dans les mots et qu’il n’y a d’existence que du désir. Reste à savoir si l’amour n’est qu’un mirage pourquoi l’Homme s’acharne à le quêter.
Dissertation proposée par Radouane ELAMRAOUI