Synthèse de lecture comparative des œuvres au programme autour de l’axe: Le sacrifice comme lien entre individu et communauté, thème: Individu et communauté.

Le Temps de l’innocence d’Edith Wharton Depuis son retour à New York, la comtesse Ellen Olenska n’a pas cessé de déroger aux règles communautaires, d’attenter aux usages en vigueur dans la communauté new-yorkaise tantôt par son apparence, sa coiffure et son habillement qui sortent de l’ordinaire, tantôt à cause de ses fréquentations, surtout ses sorties avec Julius Beaufort. Lesdites fréquentations causent le mécontentement de l’ensemble de la famille comme en témoigne sa réaction au fait que la comtesse passe la soirée chez Mrs Lemuel Struthers accompagnée du duc et de Beaufort. Janey en informe Archer dans ces termes : « -Newland ! Écoute donc. Ton amie Mme Olenska était à la soirée de Mrs Lemuel Struthers hier soir ; elle y est allée avec le duc et Mr. Beaufort. » (P. 101) En se rendant compte qu’Archer était au courant de ce dont elle l’informait, Janey lui a reproché de ne rien faire pour empêcher la comtesse d’aller à cette soirée : « -Comment ? Tu savais, et tu n’as pas essayé de l’empêcher, de l’avertir ? » (P. 101) Ce reproche que va reprendre par la suite Mrs Newland se veut l’expression de l’attitude de toute la communauté vis-à-vis du comportement de la comtesse. En fait, celle-ci s’arroge le droit de dicter à celle-là la conduite à tenir en société et de lui choisir jusqu’à ses fréquentations. C’est dire que la communauté tient Ellen Olenska en otage, limite sa liberté au point de la réifier : la réduire au statut d’objet de ladite communauté. Newland Archer ne semble pas souscrire à cette manière de traiter la comtesse. En effet, il va jusqu’à s’opposer à sa mère en proposant de se sacrifier lui-même afin de réparer les fautes d’Ellen Olenska comme il le déclare dans ces termes : « Je ne me soucie pas de m’offrir en holocauste pour expier les crimes de Mme Olenska. » (P. 104) C’est dire, en d’autres termes, que la communauté est intransigeante qu’and il s’agit d’attenter à ses principes et que toute atteinte à ces derniers est considérée comme une faute que seule un sacrifice peut laver. Ainsi, le rapport de l’individu à la communauté se place sous le singe du sacrifice à partir du moment où est-ce que ce dernier se veut le seul moyen de se réintégrer la communauté après l’avoir offensée en se comportant contrairement à ses valeurs. Dans ce même ordre d’idée, et lors d’un échange entre Archer et la comtesse, celui-là revient sur cette idée de sacrifice : « -L’individu, dans ces cas-là, est presque toujours sacrifié à l’intérêt collectif ; on s’accroche à toute convention qui maintient l’intégrité de la famille. » (P. 126) Autrement dit, l’individu est exposé au sacrifice pour la conservation de la communauté dont l’intérêt passe avant le sien. Cette priorité donnée à la communauté, à ses conventions, à son intégrité en dit long sur l’importance qu’accorde la collectivité à son propre maintien quitte même à y sacrifier l’individu. Traité théologico-politique de Baruch Spinoza Dans Traité théologico-politique de Baruch Spinoza, le sacrifice comme rapport entre individu et communauté a pour objet le droit naturel que chaque individu doit sacrifier à la collectivité afin de fonder la société. Spinoza fait même de ce renoncement au droit naturel au profit de la condition sine qua non pour fonder le collectif comme il le précise dans ces termes : « Voici maintenant la condition suivant laquelle une société peut se former (…) il faut que l’individu transfère à la société toute la puissance qui lui appartient, de façon qu’elle soit seule à avoir sur toutes choses un droit souverain de nature. » (P. 75) Il est clair, d’après ce propos, que le sacrifice de la totalité du droit naturel, comme le trahit le déterminant de totalité « toute » dans « toute la puissance », est un préalable à la formation de la société. Les Sept contre Thèbes d’Eschyle L’idée spinoziste selon laquelle le sacrifice du droit naturel est une nécessité pour construire la société fait écho au caractère inévitable du sacrifice dans Le Sept contre Thèbes d’Eschyle. En fait, le sacrifice représente une fatalité pour Etéocle. Pour ce dernier, se sacrifier en allant combattre son frère Polynice fait partie de son propre destin, lequel est fixé par les dieux : « Les dieux ne se soucient plus de moi : la seule offrande qui puisse leur faire plaisir est celle de ma mort. À quoi bon flatter encore un destin qui veut ma perte ? » (P. 70)L’on voit bien ici qu’Etéocle a pleinement conscience que la communauté des dieux ne désire d’autres objets de sacrifice que lui comme le dit l’adjectif « seule » dans « la seule offrande qui puisse leur faire plaisir » excluant ainsi toute autre forme de sacrifice et maquant l’irrecevabilité de toute autre offrande et le confirme la vanité de tout effort visant à modifier un sort scellé d’avance comme le traduit la question : « À quoi bon flatter encore un destin qui veut ma perte ? » En outre, Etéocle ne manque pas de justifier ce destin, qui fait de lui l’unique objet de sacrifice agréé par les dieux, en remontant à l’origine du mal à savoir la faute commise par son grand-père Laïos : « Je pense en effet à la faute ancienne, sitôt punie, mais dont l’effet dure jusqu’à la troisième génération, à la faute de Laïos sourd à la voix d’Apollon, qui, par trois fois, dans son siège fatidique de Pythô, nombril du monde, avait déclaré qu’il devait mourir sans enfants, s’il voulait sauver la ville. » (P. 72) Etéocle accuse dans ce propos Laïos d’être l’auteur de la malédiction de ses descendants. En effet, ce dernier est allé à l’encontre de son destin fixé par Apollon et consistant à lui interdire, pour le salut de Thèbes, d’avoir des enfants. Mais, en donnant naissance à Œdipe, Laïos livre conséquemment toute sa lignée à la malédiction. Il s’ensuit que le destin que subit Etéocle n’est que l’expression de l’inexpiable malédiction qui s’abat sur la famille depuis la faute originelle de Laïos. Pour tout dire, le sacrifice définit ici le rapport entre l’individu qu’est Etéocle et la communauté des dieux qui veille à ce que le destin dudit individu soit réalisé et ce en poussant ce dernier à livrer combat à son frère. Le combat en question est bel et bien l’expression d’une malédiction hérité de Laïos et causée par son insoumission au destin.

Synthèse de lecture comparative des œuvres au programme autour de l’axe: Le sacrifice comme lien entre individu et communauté, thème: Individu et communauté.

Radouane EL AMRAOUI

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Synthèse de lecture comparative des œuvres au programme autour de l’axe 2: Des dérives de la liberté,thème: « individu et communauté »

Synthèse de lecture comparative des œuvres au programme autour de l’axe 1 : la liberté comme condition d’individuation, thème « individu et communauté »

Texte à résumer (2), format CNC, CCINP, E3A, Thème: Individu et Communauté.

Explication linéaire des paragraphes de la préface du Traité théologico-politique de Baruch Spinoza (2), (Paragraphes: 10-16)

Explication détaillée des paragraphes de la préface du « Traité théologico-politique » de Baruch Spinoza (1)

Proposition de résumé de texte (1) dans l’esprit des concours : CNC, CCINP, E3A.

Synthèse de lecture comparative (09) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : De la nécessité de croire.

Traitement intégral d’un sujet de dissertation (4) (Thème: faire croire)

Synthèse de lecture comparative (7) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le comédien comme figure du faire croire.

Synthèse de lecture comparative (8) des œuvres au programme de l’année 2023-2024, thème: faire croire, autour de l’axe : Le triomphe de la vérité (02)