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Aperçu sur l’axe: le comédien comme figure du faire croire dans “Lorenzaccio” d’Alfred de Musset.

L’agent du faire croire emprunte des chemins biaisés pour parvenir à gagner l’adhésion d’autrui. Sa méthode se veut indirecte et son approche détournée. Il veille à cacher son jeu et avance masqué. Pour ce faire, il recourt au déguisement et porte divers masques adaptés au public et à la situation. Ainsi, le masque remplit une double mission. D’une part, c’est un moyen de dissimulation en ce sens qu’il permet à celui le portant de cacher son identité. De l’autre, c’est un bon expédient de simulation rendant la figure du faire croire capable de se faire passer pour ce qu’il n’est pas et d’avoir par là même une fausse apparence. Disons, en un mot, que la figure du faire croire fait office d’acteur afin de tromper ses victimes. Il sera question, dans ce qui suit, du masque comme outil du faire croire ou, en d’autres termes, de l’acteur comme figure du faire croire.

Lorenzaccio d’Alfred de Musset

Dans Lorenzaccio, le comédien comme figure du faire croire occupe une place on ne peut plus importante. En effet, Lorenzo qui est un personnage dans la pièce d’Alfred de Musset joue, à l’intérieur de ladite pièce,  une scène, dans le sens propre et figuré. En fait, ledit personnage joue au faible en prenant la cour comme lieu de déroulement de sa scène et le duc, le cardinal, Valori, Sire Maurice, et les pages comme spectateurs et personnages. Lorenzo utilise tous les artifices dont use un véritable acteur dont la gestuelle et ce pour simuler la fragilité manifeste dans le tremblement de son corps  comme en rendent compte les répliques suivantes du duc : « Tu trembles », (p. 51), « ses genoux tremblent » (p. 52). Lorenzo ne se contente pas de trembler pour faire croire à ses spectateurs qu’il est effrayé à la vue d’une épée, mais pousse plus loin son jeu théâtral, afin d’être plus persuasif,  en feignant l’évanouissant comme le trahit la didascalie suivante : «  Lorenzo chancelle ; il s’appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d’un coup. » (p. 52).

L’on voit bien, à travers ces exemples, que Lorenzo ne fait, dans cette mise en abyme théâtrale, que jouer le rôle d’un personnage, que porter le masque du poltron et ce évidemment dans le but d’éloigner les soupçons et partant mener tranquillement à bien son projet de régicide. Autrement dit, le fait de se faire passer pour quelqu’un de vulnérable est bel et bien un subterfuge auquel recourt ici Lorenzo pour tromper les personnages, sire Maurice, Valori, et le cardinal Cibo, qui tentent d’influencer le duc afin qu’il mette à l’écart Lorenzo qu’ils considèrent comme une source de danger pour le premier comme le montre bien la réplique suivante du cardinal : « Si je craignais cet homme, ce ne serait pas pour votre cour, ni pour Florence, mais pour vous, duc. » (P. 49). C’est dire que, selon le cardinal, Lorenzo peut nuire particulièrement à la personne du duc.

Tout se passe ici comme si le faire croire fonctionnait à trois niveaux. D’abord, le cardinal, sire Maurice et Valori, qui essayent de convaincre le duc que Lorenzo peut précipiter sa fin, ensuite, le duc qui cherche à leur démontrer que ce dernier manque de courage et de force pour lui être nuisible, enfin, Lorenzo qui, fort de son talent d’acteur, veut agir sur les personnages précités en leur faisant croire qu’il très faible pour tenter quoi que ce soit contre le duc.

A suivre…

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