Proposition de corrigé de l’épreuve de français-philosophie du CCINP 2023, thème: le travail

Sujet: ""Le but du travail n'est pas tant de faire des objets que de faire des hommes. L'homme se fait en faisant quelque chose." Dans quelle mesure votre lecture des œuvres du programme vous permet-elle de souscrire à ce jugement de Lanza Del Vasto?" Selon Lanza Del Vasto, le travail ne se limite pas à produire des objets comme l’indique la négation dans « n’est pas tant de faire des objets », loin s’en faut, l’objectif du travail dépasse de loin son aspect productif et utilitaire pour tendre vers l’humanisation des individus « faire des hommes ». Dans la seconde phrase : « L'homme se fait en faisant quelques chose. », il s’agit plutôt de concilier les deux objectifs : l’acte de travailler, de fournir un effort en vue de la production d’un bien ou d’un service et celui de construire l’homme. En fait, la dernière phrase assigne au travail un objectif double : construire l’homme et produire en même temps un bien quelconque comme en témoigne la simultanéité des deux actions exprimée par l’emploi du gérondif « en faisant ». Le travail se veut, dans la logique de Del Vasto, cet acte par lequel on produit des hommes et des choses. Ainsi, c’est à travers le travail que l’homme réalise son humanité en produisant quelque chose. En un mot, selon Del Vasto, l’humanisation et la production vont de pair dans le travail. Reformulation Autrement dit, le travail consiste à construire l’homme ainsi qu’à produire des objets. Problématisation Il y a lieu de se demander si le travail n’est pas un acte aliénant où l’homme perd son humanité. Ou bien Est-ce que le travail n’est pas un acte où l’homme sacrifie son humanité sur l’autel de la productivité ? Plan général Certes, Le travail est construction de l’humanité et est production. Mais, il peut être plutôt un acte déshumanisant. Par ailleurs, C’est surtout dans le loisir que l’homme se réalise en tant que tel (en tant qu’Homme). Plan détaillé Certes, Le travail est construction de l’humanité et est production. Argument 1 : Le travail est production Travailler, c’est, avant tout, produire des objets comme nous le montrent les exemples suivants : Les Géorgiques de Virgile : Virgile réfère d’entrée de jeu à l’agriculture en l’assimilant à un art, celui de produire des récoltes dans ces termes : « Quel art fait les grasses moissons » (P. 37) La Condition ouvrière de Simone Weil : « On parle sans cesse, actuellement, de la production. Pour consommer, il faut d’abord produire, et pour produire il faut travailler. » (P. 253) Par-dessus bord de Michel Vinaver : « Dutôt : Je m’en torche de vos notes de services moi il me faut la camelote mes représentants foncent à mort avec leur promotion » (P. 18) Argument 2 : Le travail est un acte d’humanisation en ce sens qu’il est moralise la vie humaine et renforce le caractère de l’Homme. La Condition ouvrière : « J’ai beaucoup de ces mois d’esclavage, mais je ne voudrais pour rien au monde ne pas les avoir traversés. Ils m’ont permis de m’éprouver moi-même et de toucher du doigt tout ce que je n’avais pu qu’imaginer J’en suis sortie bien différente de ce que j’étais quand j’y suis entrée – physiquement épuisée, mais moralement endurcie.» (P. 56) Par-dessus bord : «Il y a une chose qui est terminée je ne vous le demande pas je vous le dis ce sont les chamailleries entre certains d’entre vous tout ce grenouillage de couloirs ça n’a plus place dans la maison pour la bonne raison que nous n’avons pas de temps et d’énergie pour l’œuvre à accomplir» (P. 131) (Le travail redresse le comportement des employés) Les Géorgiques : «Là où ils vivent sont les fourrés et les repaires des bêtes sauvages, une jeunesse dure aux travaux et habituée à peu, le culte des dieux et le respect des pères ; c’est chez eux qu’en quittant les terres la Justice laissa la trace de ses derniers pas.» (P. 100) 2. Mais, le travail est dégradation de l’humanité. Argument 1 : Le travail est une activité marquée par la soumission Travailler c’est se soumettre et ipso facto perdre cet élément nécessaire qui fait l’humanité de tout un chacun à savoir la liberté. Les Géorgiques de Virgile : "Avant tout, honore les dieux et offre à la grande Cérès un sacrifice annuel en accomplissant les rites sur de gras herbages, quand le déclin de l'extrême hiver fait déjà place au printemps serein. Alors les agneaux sont gras, et les vins très moelleux." (P. 58) Ou bien " En outre, nous devons observer la constellation de l'Arcture, le temps des Chevreaux et les Serpents lumineux avec le même soin que les voyageurs qui, regagnant leur patrie à travers les mers orageuses affrontent le Pont et les passes ostéifères d'Abydos." (P. 50). La Condition ouvrière de Simone Weil : "Un jour je me suis rendu compte que quelques semaines de cette existence avaient presque suffi à me transformer en bête de somme docile." (P. 95) Par-dessus bord de Michel Vinaver : "Benoît : Oui et à présent vous dépendrez du controller mais vous me parliez je crois des frais généraux." (P. 128) Argument 2 : Le travail est plutôt tourné vers la cause et non vers la finalité en ce sens qu’il n’est que réponse à un besoin élémentaire à savoir se soustraire à l’imminence de la mort. La raison derrière le travail est de répondre à un besoin primaire : celui de se maintenir en vie. C’est dire que c’est grâce à son travail que l’homme prolonge son séjour sur terre. Ce qui n’est pas sans rabaisser l’homme au rang des autres créatures qui agissent animés par le besoin de se maintenir en vie, de se conserver. La Condition ouvrière : « On l’exécute à cause d’un besoin, non en vue d’un bien ; « parce qu’on a besoin de gagner sa vie », comme disent ceux qui y passent leur existence.» (261) Par-dessus bord : « Passemar Je suis l’auteur de cette pièce (…) mais il fallait vivre alors ça a été cette petite annonce jeune licencié ès lettres présentant bien et ils m’ont embauché chez Ravoire et Dehaze » (P. 16) Les Géorgiques : « Le laboureur fend la terre de son areau incurvé c’est de là que découle le labeur de l’année ; c’est par là qu’il sustente sa patrie et ses petits-enfants, ses troupeaux de bœufs et ses jeunes taureaux qui l’ont bien mérité.» (P. 103) « La première, Cérès apprit aux mortels à retourner la terre avec le fer, lorsque déjà manquaient les glands les arbouses de la forêt sacrée et que Dodone refusait toute nourriture » (P. 47). 3. Par ailleurs, c’est dans le loisir que s’accomplit l’humanité de l’homme. Argument 1 : De l’aspect libérateur du loisir Le loisir est cela qui libère l’homme de la contrainte du travail en y mettant fin et en faisant par là même de la liberté le sens de la vie humaine. En fait, le loisir (fêtes, activités libres… » succède au travail pour alléger la vie de l’homme de ce poids, de cette charge, de ce fardeau qui n’est justement autre que le travail. Les Géorgiques : « Mets-toi nu pour labourer, mets-toi nu pour semer : l’hiver le cultivateur se repose. » (P. 56) La Condition ouvrière : « Les fêtes sont aussi indispensables à cette existence que les bornes kilométriques au réconfort du marcheur. » (P. 280) Par-dessus bord : « Benoît Asseyez-vous je pensais que nous pourrions parler de votre avenir vous avez combien d’années dans la maison ? Trente-neuf ans ? C’est magnifique nous en avons discuté avec Grangier et nous avons décidé de vous offrir le loisir et le repos que vous avez bien gagnés » (P. 206) Argument 2 : Le loisir est lieu d’épanouissement. Le loisir est également ce temps consacré à soi Les Géorgiques : « Pendant les froids, les laboureurs jouissent d’ordinaire du fruit de leurs travaux, en donnant tour à tour de gais festins entre eux. » (P. 56) Ou bien L’hiver est le temps où les cultivateurs pratiques des loisirs épanouissants comme la cueillette et la chasse sous ses différentes formes : « Pourtant c’est aussi le moment, alors, de cueillir les glands du chêne, et les baies du laurier, et l’olive, et la myrtille sanglant ; c’est le moment de tendre des pièges aux grues ; des rets aux cerfs, de poursuivre les lièvres… » (p. 56) La Condition ouvrière : « On se détend complètement. On n’a pas cette énergie farouchement tendue, cette résolution mêlée d’angoisse si souvent observée dans les grèves. On est résolu, bien sûr, mais sans angoisse. On est heureux. On chante, mais pas l’International, pas la Jeune Garde ; on chante des chansons, tout simplement, et c’est très bien. Quelques-uns font des plaisanteries, dont on rit pour le plaisir de s’entendre rire. » (P. p. 166-167) Par-dessus bord : « Alex Comme ça t’aimes rien faire Jiji Alex Dormir Jiji Non être sur le ventre sucer une paille ou bien me balancer » (P. 80)

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Radouane EL AMRAOUI

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Texte à résumer (4), format CNC, CCINP, E3A, Thème: Individu et Communauté

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