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Proposition de corrigé de l’épreuve de français du concours Mines-Ponts 2022

Sujet :

« « L’enfance est comme les copies flammes qui rétrécissent avec le temps, pour ne plus laisser voir que les ombres mouvantes. »

Gérard MACÉ, L’Art sans paroles, Paris, Le Promeneur, 1999, p. 33

               Vous direz dans quelle mesure cette citation éclaire votre lecture des œuvres inscrites cette année à votre programme : Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU (Livre I et II), Contes d’ANDERSEN et Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA. » »  

Analyse de la citation :

Les deux éléments-clés de la citation de Gérard MACÉ  sont d’une part « L’enfance » et de l’autre « les copies flammes ». Ces dernières désignent les pellicules sur lesquelles sont exposées les images. Ces pellicules se caractérisent par leur vulnérabilité surtout en cas d’incendie.  Le rapport entre les deux éléments en question est un rapport d’analogie assuré par l’emploi de l’outil de comparaison « comme ». Le motif de cette comparaison est  exprimé dans la proposition subordonnée relative « qui rétrécissent avec le temps, pour ne plus laisser voir que les ombres mouvantes. » et qui met en lumière les propriétés de ces « copies flammes » dont le volume diminue « avec le temps » et dont les images deviennent embrumées.  Il s’agit donc d’un rapprochement entre l’enfance et des pellicules fragiles qui subissent l’usure du temps en rapetissant et en  perdant de leur netteté. Autrement dit, le propos de MACÉ met l’accent sur la fragilité et le passage de l’enfance qui ne se fait pas sans laisser de traces.

Reformulation :

L’enfance est fragile mais indélébile.

Problématique :

Mais, n’est-elle pas plutôt forte et éphémère/périssable ?

Plan général :

  1. Certes, l’enfance est vulnérable mais ineffaçable.
  2. Cependant, l’enfance peut également être forte mais éphémère.
  3. Par ailleurs, toute enfance est à revivre (à retrouver).

Plan détaillé:

  1. Certes, l’enfance est vulnérable mais ineffaçable.

Argument 1 : De la fragilité infantile

Exemple 1 :

  • « Nous naissons capables d’apprendre, mais ne sachant rien, ne connaissant rien. L’âme enchaînée dans des organes imparfaits et demi-formés n’a pas même le sentiment de sa propre existence. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 110)  

Exemple 2 :

  • Nous pouvons évoquer ici la fragilité du personnage de Folasade : « Elle ne rejetait pas tout à fait sa nourriture mais elle mangeait avec beaucoup de difficulté. Nous pouvons voir dans ses yeux les efforts qu’elle faisait […] Puis, brusquement, elle se mettait à se tordre, un changement apparaissait dans ses yeux où passait une vague de douleur, et les cris reprenaient de plus belle. » (Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA, p. 188)

Exemple 3 :

  • La fragilité de ladite fille se veut physique et s’affiche à travers ses  capacités de résistance très limitées : « La petite fille marchait donc avec ses petits pieds nus, qui étaient rouges et bleus de froid. » « La Petite fille aux allumettes », Contes d’ANDERSEN, p. 202)  

Argument 2 : Du caractère indélébile de l’enfance

Exemple 1 :

  • « Chacun de nous ne pouvant plus se passer des autres, redevient à cet égard faible et misérable. Nous étions faits pour être hommes ; les lois et la société nous ont replongés dans l’enfance. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 162)
  • « Comme il y a des hommes qui ne sortent jamais de l’enfance, il y en a d’autres qui, pour ainsi dire, n’y passent point, et sont hommes presque en naissant. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU p. 205)
  • « J’ai trouvé que tous ces prétendus hommes n’étaient que des enfants de quarante ans, sans vigueur et sans consistance. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 305)

Exemple 2 :

  • « Je me retournais vers Tinu d’un air triomphant :
  • Tu vois, je vais pouvoir parler à ces egúngún du vitrail, s’ils viennent. Je suis sûr qu’ils ne parlent qu’anglais.
  • Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu n’es qu’un enfant. »  (Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA, p. 71)

Exemple 3 :

  • « Ils étaient assis là, tous deux, grandes personnes et tout de même, enfants par le cœur. » « La Reine des Neiges », Contes d’ANDERSEN, p. 179)
  • 2. Mais, l’enfance peut également être forte mais passagère.

Argument 1 : De la force infantile

Exemple 1 :

  • « Les premiers pleurs sont des prières : si l’on y prend garde, ils deviennent bientôt des ordres ; ils commencent par se faire assister, ils finissent par se faire servir. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU p. 124)

Exemple 2 :

  • L’infirmité fait, chez Bukola, office de source de force « « C’est ce que je dis toujours à mes parents : je vais partir, si vous ne faites pas ça et ça. S’ils refusent, je m’évanouis. » (Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA, p.42)

Exemple 3 :

  • L’innocenceet la spontanéité d’un enfant sauvent les adultes du leurre et les ramènent à la vérité : « Il n’a rien sur lui, un petit enfant dit qu’il n’a rien sur lui. » « Le Costume neuf de l’empereur », Contes d’ANDERSEN, p. 84)

Argument 2 : Du caractère éphémère de l’enfance

Exemple 1 :

  • « Il est parvenu à la maturité de l’enfance, il a vécu de la vie d’un enfant. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 325)

Exemple 2 :

  • Wole ne laisse pas de se prendre pour un homme. Il se demande si les femmes allaient le traiter comme tel, si elles allaient le compter parmi les hommes ou pas et si c’était le cas, si elles allaient le ménager dans ce conflit les opposant aux hommes (c’est-à-dire comme un homme) dans leur lutte contre les hommes[1] : « Je ne savais pas très bien si les femmes allaient me considérer comme un « homme » et si au cas où elles le feraient, elles allaient se rappeler au moins que j’étais leur « jeune maître », leur messager extraordinaire, estafette et factotum. » (Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA, p. 402)

Exemple 3 :

  • « Elle eut enfin ses quinze ans.

« Tu échappes maintenant à notre autorité, dit sa grand-mère » » « La Petite sirène », Contes d’ANDERSEN, p. 61)

3.Par ailleurs, toute enfance est à revivre (à retrouver).

Argument 1 : Le rôle de l’écriture et de la lecture dans la restitution de l’enfance.

Exemple 1 :

  • « En vieillissant, je redeviens enfant, et je me rappelle plus volontiers ce que j’ai fait à dix ans qu’à trente. Lecteurs, pardonnez-moi de donc de tirer quelquefois mes exemples de moi-même ; car, pour bien faire ce livre, il faut que je le fasse avec plaisir. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 268)

Exemple 2 :

  • À travers son roman autobiographique, Wole SOYINKA reconstitue son enfance et la revit.

Exemple 3 :

  • « Hans avait lu tout le livre,  de nombreuse fois. Les contes l’emmenaient de par le monde, là où il ne pouvait pas aller, parce que ses jambes ne le portaient pas. » « L’Invalide », Contes d’ANDERSEN, p. 423)

Argument 2 : Être proche de l’enfant, quitte à faire l’enfant,  pour mieux l’éduquer.

Exemple 1 :

  • « C’est son ami, son camarade, c’est le compagnon de ses jeux qu’il aborde ; il est bien sûr, en me voyant, qu’il ne restera pas longtemps sans amusement. » (Émile ou de l’éducation de J.J. ROUSSEAU, p. 320)

Exemple 2 :

  • « – Et ils n’utilisent presque pas la baguette. Ça, c’est une erreur grave. 
  • Je ne crois pas monsieur le Proviseur.
  • Non ? Tu ne crois pas que la baguette soit bonne pour former le caractère ?
  • Non, monsieur le proviseur. » (Aké, les années d’enfance de W. SOYINKA, p. 364)

Exemple 3 :

  • « « Pourquoi les fleurs sont-elles si laides aujourd’hui ? » demanda-t-elle encore, en lui montrant tout un bouquet qui était complètement fané.

« Eh bien, sais-tu ce qui ne va pas ? dit l’étudiant. Les fleurs ont été au bal cette nuit, et c’est pour cela qu’elles gardent la tête baissée. »   

  • « A-t-on idée de faire croire des choses pareilles à cette enfant ! » » « Les Fleurs de la petite Ida », Contes d’ANDERSEN, p. p. 45-48)

Corrigé proposé par Radouane ELAMRAOUI (Professeur agrégé de français)


[1] « Et alors j’entendis l’ultime défi des femmes, car il ne s’agissait pas d’un simple chant de ralliement, ni même d’un chant de guerre ordinaire, mais de l’appropriation d’un culte réservé aux hommes, l’oro, pas des femmes affrontant tous les hommes, agboni ou non. » (P. 402)

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